< Sur les chemins de Compostelle, l'église et l'abbaye de Saint-Avit-Sénieur

   À SAINT-AVIT-SÉNIEUR

Mis en ligne le 23 janvier 2019

LE VILLAGE
Saint-Avit-Sénieur est un village de Dordogne situé à l'est de Beaumont sur une petite hauteur, autrefois appelée "Mont Dauriac". Au moment de la Révolution, la commune fut crée sous le nom de Montavis et ne prit son nom actuel qu'en 1812 : Avitus ou saint Avit fut un ermite qui vécut plus de 40 ans près de ce village (le mot senieur vient du latin senior, "l'ancien").

La caractéristique la plus remarquable du village est la GIGANTESQUE ÉGLISE (1) édifiée aux XIe et XIIe siècles en l'honneur de saint Avit, jouxtant les ruines d'une IMPORTANTE ABBAYE (2-6). Comme on peut le voir sur la photo aérienne (Google Maps) le village est blotti autour de cette église fortifiée et des restes de son abbaye. La position élevée de ce site offrait des facilités défensives, ce qui ne l'a tout de même pas protégé des attaques diverses (Albigeois, protestants ou Anglais).

Une autre particularité de ce village est sa situation sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle qui part de Vézelay . La réputation de St Avit attirait des foules de pélerins, venant se recueillir sur son tombeau en allant ou en revenant de Saint-Jacques-de-Compostelle. A ce titre, son église a été classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998.
qui était saint Avit (490-570) ?
Il n'y a pas d'écrit racontant la vie de ce Saint, mais la tradition nous rapporte la légende suivante : Varennes, "le petit Lanquais" serait son village natal. Issu d'une famille noble, Avitus aurait été envoyé par son père au service des Wisigoths d'Alaric II et aurait donc combattu contre les Francs. Il aurait été fait prisonnier après la victoire de Clovis. Il se serait alors converti au christianisme, et après avoir eu une vision, il serait revenu en Périgord pour détruire un temple consacré à des idoles païennes situé au mont Dauriac, ce qu'il accomplit avec une simple prière. Avitus fit de nombreuses guérisons miraculeuses et mena pendant plus de 40 ans une vie d'ermite dans un abri près du village. Il construisit un petit sanctuaire dédiée à Notre-Dame (ND du Val) . Il mourut en 570, déjà âgé pour l'époque (d'où sans doute le vocable "senior, l'ancien"). Une inscription gravée sur une pierre de l'église de St Avit Sénieur indique que ses restes furent transportés en 1118 dans cette église, mais son tombeau n'a jamais été localisé. Ci-dessus sa statue dans l'église, bien trop richement habillée pour représenter un ermite.
UNE ÉGLISE GIGANTESQUE (1)
A proximité de la statue de St Avit, on remarque dans une niche, deux chapitaux trouvés lors des fouilles, qui correspondent selon les spécialistes à la première église construite sur le site actuel et qui a existé jusqu'au milieu du XIe siècle. Que s'est-il passé ensuite, accident, guerre, incendie ? on peut tout imaginer dans ces périodes troublées. Quoiqu'il en ait été, l'église fut détruite. Seul un de ses murs a subsisté, et fut incorporé dans la nouvelle construction.
L'église actuelle a été ensuite construite : plusieurs inscriptions gravées dans la pierre de l'église permettent de placer sans ambiguité le début de la construction de l'église actuelle à la fin du XIe siècle : en effet, elles relatent et datent certains évènements, en 1117 la consécration d'un autel en l'honneur de St Jean-Baptiste et de St Jean l'évangéliste, en 1118 le transfert dans l'église des restes de St Avit, et en 1142 la consécration de l'autel St Jacques.
Les dimensions exceptionnelles de cette église - un long rectangle de 55 m de long et de 23 m de large- apparaissent gigantesques pour un si petit village ! Mais les moines bâtisseurs avaient sans doute prévu assez grand pour accueillir les foules attirées par la renommée du Saint et les nombreux pélerins qui allaient ou revenaient de St Jacques de Compostelle. En effet, c'est à partir du XIe siècle, que le pèlerinage de Compostelle devint un des grands pèlerinages de la Chrétienté médiévale.
Les bastides de la communauté de communes
"DES BASTIDES DORDOGNE-PÉRIGORD".

Les fresques médiévales.

A MOINS DE 50 km DE LIORAC :
ALLEMANS-du-DROPT
Les magnifiques fresques de l'église Saint Eutrope à quelques km au sud du département de la Dordogne.
BANEUIL
L'église St Etienne avec sa coupole et son donjon du XIe siècle.
BANNES
Le château de Bannes.
La petite église romane de Bannes.
BEAUMONT-DU-PÉRIGORD
Beaumont, une des bastides anglaises du Périgord.
L'église fortifiée de Beaumont et sa frise historiée.
BELVES
Un village médiéval aux nombreux vestiges.
Les peintures murales de l'église ND de l'Assomption.
BESSE
L'église Saint Martin de Besse (XIe siècle)
et son magnifique portail roman.

CADOUIN
Sur les chemins de Compostelle, l'abbaye de Cadouin et son cloître exceptionnel.
CAUSE-DE-CLÉRANS
Le château de Clérans XIIe siècle.
L'église romane de Cause XI-XIIe siècles.
COUZE-SAINT-FRONT
Les moulins à papier de la Couze.
Les deux églises romanes de Couze.
LAMONZIE-MONTASTRUC
Le bourg et son église romane.
Les châteaux de Montastruc et de Bellegarde
LIMEUIL
La chapelle Saint-Martin de Limeuil consacrée en 1194, ses fresques et pierres gravées.
MONTFERRAND-DU-PÉRIGORD
Les magnifiques peintures murales de l'église St Christophe.
PAUNAT
L'église abbatiale Saint Martial de Paunat a fêté son millénaire.
SAVIGNAC-DE-MIREMONT
Le retable baroque de l'église Saint Denis de Paris.
SAINT-AVIT-SÉNIEUR
Sur les chemins de Compostelle, l'abbaye de Saint
Avit et son immense église abbatiale.

SAINT FÉLIX DE VILLADEIX
Une motte castrale.
Eglise paroissiale, chapelles Saint Nicolas et de la Peyrouse, pigeonnier.
SAINTE-FOY DE BELVÈS
Le retable Tournié de l'église de Ste Foy de Belvès a retrouvé ses dorures et peintures polychromes.
SAINT-LÉON-SUR-VÉZÈRE
L'église romane St Léonce présente encore quelques fresques.
TRÉMOLAT
L'église fortifiée Saint Nicolas avec sa file de coupoles, ses peintures murales et les restes de son monastère et l'église Saint Hilaire avec son beau portail roman sont toutes deux classées Monument Historique.
VARENNES
Le retable baroque de l'église Saint Avit de Varennes.

et bientôt d'autres coups de coeur...
L'église domine le village du haut de ses deux clochers.L'église abbatiale était fortifiée pour protéger les moines et les habitants du village. En effet l'endroit a eu à subir plusieurs guerres, conflits cathares au XIIIe siècle, Guerre de Cent Ans au XIV-XVe qui a mis à feu et à sang l'Aquitaine opposant le royaume d'Angleterre à celui de France pour la souveraineté et le contrôle des fiefs de Guyenne et enfin au XVIe siècle les guerres de religion qui ont déchiré le Périgord, protestants dans la région de Bergerac et catholiques dans le Sarladais.

Le clocher nord, partiellement détruit présentait des créneaux. Un chemin de ronde faisait le tour de l'église permettant sa défense sur tous les côtés. La façade ouest présente un porche roman, sans décoration, surmonté d'une bretèche à crénelage. De là, les occupants pouvaient jeter des pierres et tirer des flèches ou carreaux d'arbalètes sur les assaillants.
L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE
En pénétrant dans l'église, le visiteur ne peut être qu'impressionné par la majesté de l'édifice !
La nef est constituée par trois travées, séparées par des piliers massifs d'environ 3m de large qui supportent les voûtes. Une quatrième travée terminée par un chevet plat constitue le sanctuaire avec l'autel. Certains auteurs pensent que ces énormes piliers étaient prévus pour supporter des coupoles byzantines comme à St Front de Périgueux ou St Nicolas de Trémolat. Ont-elles été commencées puis détruites pendant une guerre ? Ou bien ont-elles été prévues au début de la construction de l'église, puis le projet aurait-il été abandonné quand les premières voûtes gothiques sont apparues ? Laissons la polémique aux spécialistes et admirons les superbes voûtes gothiques qui s'élèvent à plus de 20m.
Les clefs de voûte des trois travées sont décorées de motifs représentant une main bénissant, un évêque et au plus près du choeur l'agneau avec une croix.

Toute la voûte de l'église est décorée d'un réseau géométrique peint avec une grande régularité et qui n'a pas dû être facile à réaliser à une telle hauteur !

A l'entrée de l'église, un chapiteau de l'ancienne église (IXe siècle) sert de bénitier.
Cachées sous le badigeon, et décorant les arcs romans du premier niveau, des peintures murales du XIVe siècle ont été mises à jour.
L'ABBAYE DE ST AVIT-SÉNIEUR

Sources :
◊ Paul Fitte, L'église et l'abbaye de Saint-Avit-Sénieur. Vieilles églises en Périgord sous la direction de Dominique Audrerie, collection Centaurée, PLB éditeur, 1991.
◊ Jean Secret, Saint-Avit-Sénieur, dans Dictionnaire des églises de France, 3-b, 1967, p 157.
◊ panneaux explicatifs sur le site de l'abbaye.
◊ les photos illustrant cette page sont des photos personnelles.

@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: mfcc24*liorac.info (remplacer * par @)